- Tu penses qu’elle sera à son travail, toi? Tu penses que ça va marcher?
- Alors ça, c’est difficile de le savoir. Mais on sera fixé dans une heure!
Dans la catégorie nuits insolites, on vient de passer la nuit dans un hôtel 5 étoiles en plein milieu d’un aéroport et on s’apprête à prendre la route pour aller surprendre quelqu’un qui ne s’y attend pas le moins du monde. Un scénario que nous ne pensions pas prendre il y a à peine deux semaines de ce moment. Les joies du voyage au jour le jour et par lequel on se laisse surprendre par ses propres décisions, comme si elles étaient prises par le destin!
Mais avant de vous dire dans quel aéroport nous sommes et ce que nous faisons là, et si on retournait d’abord à notre dernier point connu sur la carte, Pucón ? Ce joli petit village de plus en plus prisé par les citadins chiliens pour son côté vacancier très dépaysant, à quelque centaines de kilomètres au sud de Santiago, offre un cadre particulièrement propice aux sports en plein nature avec ses forêts d’araucarias, ses volcans et ses rivières. Nous y avons passé quelques journées à flâner dans ses rues agréables, à déguster des glaces et boire des Pisco sour, et à profiter de l’accueil très chaleureux de Milton, notre ami mapuche (la communauté autochtone la plus représentée au Chili) que nous nous réjouissions de revoir ainsi que sa compagne Léna. Lors d’un dîner dans la magnifique maison d’Adam, un de leur amis qui a construit sa demeure par ses propres mains, nous en apprenons aussi sur ces groupes d’américains du nord qui ont fuit la froideur de leur continent pour trouver refuge dans ce havre de paix chilien et offrir à leurs enfants le luxe de ne pas devoir se limiter aux quelques pâtés d’arbre des parcs de leurs villes, mais une véritable immersion dans la nature et une vie pieds nus dans le jardin, autour de l’asado, ce barbecue qui est autant au centre de la culture chilienne que de la joyeuse assemblée que nous formons. Les chiliens prennent énormément de plaisir à passer leur soirée autour du feu, à déguster les parilladas de boeuf, porc, agneau et poulet, accompagnées de vins locaux et de Pisco, en refaisant le monde.
Nous profitons d’autant plus de ces instants que nous savons qu’ils feront partie de nos derniers souvenirs du Chili. Quelques jours plus tard, nous embarquerons dans un bus qui nous emmènera à Santiago, capitale chilienne géographiquement très centrale et qui abrite l’unique aéroport international du pays. Entre 10 heures de bus de nuit ou quasiment un mois à pédaler sur une route pas très engageante car énormément empruntée par les gros camions de livraison, sur les recommandations de bon nombre de cyclistes croisés y compris de Cléo et Ryan, le charmant couple de cyclistes irlandais rencontrés à Villa Cerro Castillo et qui se baladaient à vélo en direction du sud, le choix était vite fait. Confortablement installés dans nos sièges couchette qui ne nous aurons coûté qu’une quarantaines d’euros chacun vélos compris, nous ne voyons pas le temps passer et sommes débarqués à Santiago, les yeux encore collés, dans le quartier huppé de Vitacura, aux recommandations de Milton de ne pas descendre à la gare centrale à 6 heures du matin, avec des vélos en pièces qu’il faudra remonter sur le trottoir. Le scénario parfait pour se faire repérer ! On ne le saura jamais mais pour être passé vers le quartier de la gare un peu plus tard lors de notre séjour, nous sommes certains que son conseil nous a évité un vol à l’arrachée, voire pire. S’il y a une certitude, c’est que tous les chiliens que nous avons rencontré sur la route nous ont mis en garde contre Santiago, nous encourageant même à éviter la capitale si cela était possible.
Même si la balade à vélo de jour jusqu’au centre était très agréable, nous n’étions donc pas très friands à l’idée de visiter cette ville et sommes restés dans les environs de notre Barrio Italia, un quartier branché où se mêlent antiquaires, créateurs locaux, belles maisons anciennes et restos-bars à la mode dans un joli brouhaha de musique et de joyeuses discussions. Nous n’avions de toute façon pas énormément de temps pour flâner: il fallait trouver des cartons pour nos vélos et gérer les dernières choses avant de quitter l’Amérique du Sud. Ce ne fût pas une mince affaire mais elle fut facilitée par Luis, le jeune chilien qui tient la maison d’hôte dans laquelle nous avons séjourné et qui nous a emmené en ville à bord de son pick-up pour récupérer ces cartons. Des cartons d’une taille toujours surprenante, avec leur 1.5 mètre de longueur. Ayant de plus en plus l’habitude, le démantèlement des vélos se fait relativement vite et nous sommes prêts pour le départ. Le stress du “est-ce que ça passera dans le taxi” dernière nous, nous voici à l’aéroport. Passé le stress du “est-ce que les vélos vont bien embarquer”, nous voilà délesté d’une soixantaine de kilos et prêts pour une traversée des Amériques qui nous aurait bien pris 2 ans à vélo.
C’est toujours marrant ce nouveau référentiel de distances. Après quelques mois de déplacement selon ce mode de voyage, les distances sont complètement revues à la hausse dans notre esprit parce qu’on ne peut s’empêcher de les traduire en nombre d’heures de pédalage, plutôt qu’en nombre d’heures de vol. Cela peut sembler énorme voire même angoissant si l’on réfléchi au temps que ça nous prendraient de voyager d’un côté à l’autre du globe sans avion, mais on se sent riche d’une nouvelle perspective et de l’impression de connaitre encore mieux cette belle planète qui ne cessera de nous émerveiller.
- YVR est bien votre destination finale?
- Oui, oui, c’est bien ça.
- Parfait, vos vélos y seront expédiés directement. Bon voyage!
YVR. Le code IATA de Vancouver International Airport. Vancouver, la ville où habite ma soeur depuis ces deux dernières années où je ne l’ai pas revue. Une ville qui avait une place de choix dans nos premières planifications du voyage. Il s’était agit de commencer notre voyage à Vancouver, pour ensuite plutôt le finir à Vancouver, avant de finalement laisser tomber cette destination au courant de notre présence en Amérique du Sud, par souci organisationnel, de budget, de météo et autre. Sauf qu’après deux mois de pédalage en Amérique du Sud, on commençait à sentir une certaine fatigue. L’insouciante Carretera Austral était dernière nous et on peinait à voir se dessiner la suite de notre voyage: continuer à pédaler au Chili? Repasser en Argentine par Mendoza pour atteindre Salta puis Jujoy? Prendre un bus pour faire un saut sur la carte jusqu’au désert d’Atacama aux portes de la Bolivie? Dépasser ses craintes pour traverser la Cordillère des Andes si excitante? Plusieurs scénarios tous certes tentants, mais on sentait que l’énergie n’y était plus. Serions-nous en train de nous lasser de ces paysages magnifiques? Est-ce le propre de l’humain d’être toujours en quête de renouveau, de changement? Ou étions-nous tout simplement physiquement fatigués avec le besoin d’une vraie pause de la selle? Un voyage au Canada au mois de mars n’était pas du tout dans nos plans rien que pour ce qui est de la météo, mais ma maman avait prévu de quitter le Liban pour passer un mois chez ma soeur, et nous avons décider d’y voir le signe que nous attendions: il nous fallait une pause et du temps en famille pour retrouver le plaisir de l’aventure et redécouvrir les joies du voyage à vélo avec un regard neuf.
Maintenant que notre décision était prise, commençait à germer l’idée d’une surprise… Et si on surprenait ma soeur, elle qui avait tant insisté pour qu’on vienne les rejoindre pendant le séjour de ma maman? Je n’ai jamais été friande de surprises. En 18 ans de vie en Suisse loin de mon pays d’origine, et ça en fait des quantités de fois où je suis rentrée chez moi, je ne suis jamais rentrée à l’improviste. Il fallait toujours prévenir avant de rentrer, mon côté bien suisse, bien rangé. Pourquoi avoir envie de le faire soudainement? Peut-être parce que c’est l’année des premières fois, de la spontanéité, de l’intuition. C’était décidé, on ne lui dira rien, rien que pour le plaisir de voir son visage s’éclairer lorsqu’elle réalisera qu’on est réellement là. Et jusqu’ici, on a réussi à gérer notre coup: on enfourche nos vélos à l’aéroport de Vancouver et on amorce nos premiers coups de pédales en Amérique du nord, direction Canada Place!
Après 3 mois en Amérique du Sud, le changement de décor est radical et la démesure américaine nous heurte de plein fouet. Tout est grand, tout est vaste, des routes, aux ponts, aux voitures, aux gratte-ciels. La ville de Vancouver se découpe à l’horizon et on sent une excitation palpable de se trouver dans un tout autre environnement. La découverte est quand même quelque chose qui nous fait vibrer. Mon petit gilet rose est de mise comme à chaque fois où je me sens en insécurité ou dans un environnement inconnu. Ça a beau être un tout petit morceau de tissu, il revêt pour moi une impression de bouclier lorsque je suis sur mon vélo. Seule une vingtaine de kilomètres nous sépare de Canada Place, le lieu où travaille ma soeur Tatiana. Ayant vécu toute sa vie au Liban et s’étant battue pour y rester malgré le chapelet de catastrophes économiques, politiques, sanitaires et sociales qui y avait sévit, l’explosion du port de Beyrouth avait fait voler en éclat les espoirs de toute une génération, en plus des vitres et des vitrines de la capitale. Pays où l’immigration compétente s’impose comme l’un des piliers de sa richesse, le Canada lui avait ouvert grand les bras. Malgré la multitude de galères propres à l’arrivée dans un nouveau pays, elle s’y est fait sa place et s’y sent comme chez elle.
Mes pensées me submergent à mesure que les gratte-ciels du centre-ville deviennent de plus en plus imposants. Nous roulions vite pour profiter de la succession de feux verts, guidés par Doug, un cycliste canadien très sympathique qui avait entamé la discussion pendant son tour à vélo et qui nous accompagnait jusqu’à Canada Place.
Burrard Street, encore quelques rues et nous y sommes. Les incertitudes de savoir comment nous allions faire pour la surprendre bourdonnaient de plus en plus vite dans ma tête à mesure que nous arrivions à destination: fallait-il la demander à son lieu de travail, l’appeler pour lui dire que quelqu’un l’attendait dehors? C’est alors que je la vis. Elle marchait sur le trottoir et ne semblait pas avoir remarqué le cortège improbable que nous formions, Pierrick et moi, avec nos deux vélos et notre chargement poussiéreux qui détonnait dans cette ville flambant neuf.
- Pierrick!!! Elle est là!!! Elle ne nous a pas vus, on fait quoi?
- Vite, on la suit! Appelle-la!
On pousse notre chargement sur le trottoir et on zigzag entre les passants, à coup de “Sorry, excuse me” jusqu’à ne plus être qu’à un bras d’elle. Je l’appelle “Tati! Tati! Tatiana?”. C’est très confus dans sa tête, elle a l’impression que son cerveau lui joue des tours et qu’elle entend ma voix, se résonnant que cela ne pouvait pas être vrai. Jusqu’à ce qu’elle se retourne… Et là, on voit le choc se peindre sur son visage! Elle répète en boucle “C’est pas possible, c’est pas possible”. Jusqu’à ce que l’idée qu’on soit réellement là fasse son bout de chemin à travers toutes ses synapses, et que son cerveau veuille bien lui confirmer que ce qu’elle voyait était réel, palpable.
On se tombe dans les bras l’une de l’autre en riant tellement fort, que tous les passants nous regardaient, se demandant ce qui pouvait bien se passer entre deux filles qui se ressemblent quand même pas mal mais qui sont accoutrées d’une manière on ne peut plus différente! Puis ce fut la déferlante de questions “Qu’est-ce que vous faites là, quand, depuis quand, qui sait, jusqu’à quand, c’est génial!!!”. Un moment hors du temps où on était tous les 3 euphoriques. Elle devait retrouver Layla et d’autres collègues pour un travail hors du bureau à deux pas de notre lieu de rencontre, collègues qui étaient encore plus surpris qu’elle de nous voir marcher à ses côtés. Quand ils ont enfin compris ce qui se passaient, ils la délestent de son ordinateur et la poussent à oublier le travail et à se concentrer sur notre venue, qui semble encore la perturber. Pour une surprise, elle fut sacrément réussie!
L’excitation de nous montrer son nouveau chez elle et de nous faire découvrir la ville prend ensuite le dessus. Elle nous embarque alors fièrement dans le SkyTrain qu’elle prend quotidiennement pour se rendre au travail, le plus long réseau de métro automatique du monde, presque entièrement établie en viaduc, qui nous donne un joli premier aperçu de la ville. Arrivés dans sa rue, on s’arrête devant un de ces gratte-ciels que l’on voit dans les films, avec de grandes façades vitrées, et on prend l’ascenseur jusqu’au 29ème étage. Un ascenseur qui va sacrément vite parce qu’il ne met que quelques secondes à nous déposer, comme en témoigne le changement de pression qui s’opère dans nos oreilles. Il faut un “Fob” magnétique pour appeler l’ascenseur et chaque habitant ne peut accéder qu’à son propre étage ainsi qu’au niveau de parking de son propre véhicule. Cette aspect très technologique par rapport à nos immeubles en Suisse trouvera finalement son sens dans une raison beaucoup moins glamour et à laquelle on n’a pas spontanément pensé: la peur. La peur de se faire voler, que les sans-abris n’accèdent au parking pour vandaliser les voitures ou aux appartements. Tout au long de notre séjour, nous aurons l’impression que sous un joli vernis brillant, la société canadienne est quand même bien cloisonnée et nourrit énormément de craintes. L’ordre est le mot d’ordre, et le moindre dépassement vaut au minimum une remarque de la part des citoyens (“vous n’avez pas le droit de rouler ici”, “c’est interdit de faire cela”) si ce n’est une amende où “bien salée” est un euphémisme puisqu’il s’agit de plusieurs milliers de dollars (25’000 CAD si on est tenté de nourrir les animaux dans un parc!).
Il faut dire que la présence des sans-abris n’est pas des plus rassurantes lorsqu’on traverse certaines rues du centre-ville assiégées par les homeless, et qu’elle fait mal à voir en filigrane des businessman qui courent la cité en costard-cravate. Avec l’importante crise du logement subie par le Canada, leur nombre a explosé ces dernières années pour ajouter, aux personnes ayant des problèmes d’addiction, certaines qui ont simplement de la peine à joindre les deux bouts. Gros paradoxe dans une société aussi riche que celle du Canada, qui doit notamment sa richesse à ses multiples ressources naturelles: le pétrole, le bois et le cannabis, légalisé depuis quelques années. Il est vrai que quand on pense au Canada, ce ne sont de loin pas les oléoducs de pétrole qui nous viennent à l’esprit. On voit plutôt défiler des paysages grandioses de forêts, de lacs et de glaciers, des chiens de traîneaux foulant la neige, des saumons remontant les rivières au grand bonheur des ours, du sirop d’érable qui coule à flot et des bûcherons en chemises à carreaux rouges. On pense aux magnifiques rocheuses et au mythe du Grand Nord. Mais on n’imagine pas que le Canada est le 3ème plus grand producteur de pétrole au monde, une place qui lui a valu de dépasser les états-unis en quantité de CO2 émise par habitant… Cerise sur le gâteau, le pétrole canadien, qui se concentre principalement en Alberta, est issu des sables bitumineux ce qui est fait un des plus sales au monde, et qui accroit encore plus le déséquilibre économique entre l’Ouest et l’Est du pays1.
En parallèle à ce constat écologique, deux choses nous ont particulièrement surpris: en premier lieu, la présence étonnamment grande de populations venues d’Asie, à tel point que nous nous sentions parfois à Pékin, à Tokyo ou à Séoul! Tous se baladent avec leurs écouteurs aux oreilles et leur Bubble Tea à la main, une boisson très populaire en Asie et que nous n’avions jamais goûtée jusqu’ici. Il faut dire que c’est très sympa à boire en mâchouillant les petites billes noires de tapioca. En deuxième, à quel point les gens semblent avoir perdu le sourire, ou peut-être était-ce une question culturelle, mais nous n’arrivions pas à extirper un sourire ou un “Hello!” aux personnes qu’on saluait pendant nos balades à vélo ou dans la rue. Peu de regards se croisent dans ces rues où tous marchent vite, tête baissée, sans se parler ni se mélanger de ce que l’on a observé. Une différence culturelle peut-être trop grande pour être miscible? Ces constats ne nous auront pas laissé de marbre et nous n’aurions de cesse de nous questionner sur ces aspects pendant notre séjour.
Après l’Amérique du Sud, nous avons vite pris le rythme nord américain avec nos séances de course à pied dans Central Park et celles de Hot Yoga (Orijin Yoga et sa chouette équipe), ponctuées de délicieux Canadiano coffee (l’américano canadien bien sûr), de scones anglais, de bières artisanales, de burger de toutes sortes, de fish & chips, le tout évidemment en format super size. Les Etats-unis ne sont finalement qu’à 30 km à vol d’oiseau de notre camp de base canadien et il ne faut pas oublier que la frontière canado-américaine est la plus longue du monde avec ses 8’891 km cumulés entre le nord et le sud! Une vraie mosaïque culturelle lorsqu’on ajoute les influences asiatiques, indiennes, afro-américaines et autre. Je n’ai pas choisi le terme mosaïque par hasard: contrairement aux américains qui aiment utiliser le mot “melting-pot” pour faire référence au mélange culturel de leur pays, le Canada préfère le terme de “mosaïque” pour mettre en avant le fait que les spécificités culturelles de chaque civilisation sont respectées et préservées. Ils mettent d’ailleurs un effort considérable à montrer leur respect des cultures autochtones, pour soigner autant que faire se peut leur culpabilité historique.
Une chose assez particulière au Canada, c’est l’aspect des pourboires et des taxes. Les prix affichés sur les menus sont bien loin de l’addition finale qui sera payée, une fois qu’on aura ajouté les 15% à 20% (voire 25%!) de pourboire attendus par les serveurs, et les taxes (fédérales et provinciales) qui étaient de l’ordre de 13% en Colombie-Britannique. Les terminaux de paiement par carte suggèrent systématiquement de verser un pourboire d’au moins 10% même lorsqu’on achète à emporter ou qu’on effectue soit même le retrait au comptoir de sa commande et le débarras de son plateau! Un aspect que nous avons trouvé un peu dérangeant, d’autant plus que nous avons compris, après discussion avec les locaux, que les serveurs n’étaient pas aussi mal payés que l’on pourrait penser.
Le fond de l’air était frais comme on aime bien dire en Suisse, mais la météo nous a offert quelques magnifiques journées ensoleillées que nous avons empoignées avec enthousiasme pour partir explorer Vancouver… à vélo bien sûr! Vancouver offre une multitude de possibilités de faire des bains de forêts avec ses étendues vertes et ses parcs au sein même de la ville. Entre le Burnabop trail de Love Machine qui fait le tour de Burnaby sur des single tracks , Richmond et son charmant village de pêcheurs Steveston, le centre-ville et ses balades dans l’imposant Stanley Parc, Granville Island où il fait bon accéder en Aquabus (bus aquatique) pour visiter ses docks et son marché de produits locaux et artisanaux, North Vancouver et ses montagnes environnantes ou West Vancouver et son lighthouse parc, ses magnifiques demeures à la Desperate Housewives et les bonnes pizzas de son resto en plein air The Shed, nous avions de quoi nous dégourdir les jambes! Nous en avons profité pour faire d’une pierre deux coups en combinant ces sorties avec des moments en famille autour d’une balade, un lunch ou un café.
Le centre-ville de Vancouver se niche sur une presqu’île entre l’océan pacifique et les majestueuses montagnes côtières, et se divise en différents quartiers où les gratte-ciels insufflent une réelle impression new-yorkaise. Le district de Gastown et sa fameuse horloge à vapeur détonne de par son aspect plus ancien qui rappelle un peu les ruelles londoniennes. Il fait bon flâner sur le Waterfront à côté des joggers et des promeneurs de chiens, avant d’aller « voler au dessus du Canada ». Nous avons en effet été bluffés par le réalisme de Fly Over Canada qui nous a embarqué dans un vol 4D au dessus des rocheuses, avant d’aller goûter la cuisine fusion locale dans l’une des multiples bonnes adresses du centre.
Van trip 🚐
Notre soif de découverte du Canada n’étant pas étanchée, nous faisons quelques recherches pour dénicher un van aménagé qui nous emmènerait découvrir ces fameuses rocheuses et parcs nationaux. Notre choix est vite fait en tombant sur le site de Dusk n Dawn Adventure. Mike aménage entièrement lui-même ses vans pour les mettre à la location, en complément de 2-3 autres activités annexes. Il est super sympa et très chill. Un petit tour du van pour en découvrir les subtilités et c’était parti pour une balade d’une semaine dans les montagnes à bord de Bell !
Jour 1
Départ en direction de Squamish ! Un café au Outbound Station avec ma famille et nos amis Micha et Maroun, puis visite de la cascade Shannon Falls haute de 335 mètres qui dévale en plusieurs paliers les flancs du Stawamus Chief, un monolithe de granit des plus vieux au monde. On y voit quelques grimpeurs qui donneront le tournis à ma famille. Lunch au très prisé Fergie’s avant de quitter nos proches. Tour du lac Alice et première nuit en van dans la nature qui a réveillé de beaux souvenirs de nos belles escapades avec notre VW California. La mousse qui recouvre les troncs d’arbres des rainforest (forêts tropicales) nous donne l’impression de nous balader dans un conte de fée. Les lacs miroir ajoutent encore plus à la magie des lieux.
Jour 2
Visite de la station huppée de Whistler connue pour avoir accueilli les jeux olympiques d’hiver en 2010, et lunch au Naked Sprout un chouette café Vegan. Il y a très peu de neige mais quelques aficionados des pistes de ski qui sont d’accord de débourser 250 CAD pour quelques descentes. Balade jusqu’au pied des Nairn Falls, route 99 et nuit au bord d’une rivière.
Jour 3
Journée bien pluvieuse, on se dit qu’on va en profiter pour faire des km (eh oui, les distances sont énormes!) jusqu’à Revelstoke, base de choix pour explorer les parcs nationaux Mount Revelstoke et Glacier, en espérant pouvoir tirer jusqu’au fameux parc national Banff, connu pour ses paysages et sa faune très riches. Le panorama traversé jusqu’à Kamloops est grandiose et très varié, allant de plaines agricoles à étendues désertiques, montagnes, lacs et forêts. Le train interminable formé de centaines de wagons finit de parfaire cette impression de bout du monde.
Jour 4
Visite du village de Revelstoke aux allures de ville western. La météo est toujours bien pluvieuse et on retrouve un peu de chaleur australienne dans un charmant café “Aussie” qui respire le soleil (Dose Café). Au premier rayon de soleil, direction la plage! Nous piquons une tête dans le Mara Lake, sous les yeux médusés d’un local. “It’s a bit chilly, isn’t it??”. Un peu, nous sommes toujours début avril mais avons un bon entraînement suisse et Patagonien! La météo et l’impossibilité de faire des randonnées en cette saison nous ont finalement fait rebrousser chemin à quelques centaines de km de Banff mais nous prenons une autre route: celle qui nous fera découvrir l’Okanagan Valley, la vallée des vins! Nous nous arrêtons à Kelowna pour la nuit. Soirée particulière puisqu’à 21h10 pile, nous avions un coup de fil prévu: Fabrice Mayor nous appelait en direct de Rhône FM pour une intervention dans “A vous les studios!”. Cette émission appelle tous les matins des valaisans qui habitent ou se baladent un peu partout dans le monde, pour avoir leur version de l’actualité du moment dans le pays où ils se trouvent. Nous racontons notre périple et passons un bon moment avec l’équipe.
Jour 5
Le soleil est enfin de retour dans cette jolie vallée des vins et on part à la découverte de deux petits trails surplombant la région (Trail Mount Boucherie et Pincushion trail). Les paysages de lacs et de montagnes sont magnifiques et ça fait beaucoup de bien d’être dans la nature. Nous reprenons ensuite la route jusqu’à Osoyoos où nous avons hâte de goûter aux vins locaux! Le NK’Mip géré par des indiens Syilx est toujours ouvert à l’heure tardive à laquelle nous arrivons, et nous avons l’impression d’avoir privatisé les lieux pour cette dégustation! Nous n’aurons pas la chance de goûter au vin de glace typique de la région, un vin doux issu de raisins vendangés gelés, mais goûterons à la grande variété de vins rendue possible par la richesse en oligoéléments de cette ancienne vallée glaciaire. Nous repartirons avec deux bouteilles d’un pinot noir très agréable, le cépage le plus cultivé dans la région, pour aller dormir dans un petit spot de camping voisin assez surprenant sur une fine bande de terre qui s’enfonce dans le lac (Haynes Point). Si nourrir les animaux sauvages vaut 25’000 CAD d’amende, on ne prendra aucun risque avec de l’alcool au volant!
Jour 6
Départ d’Osoyoos après avoir quand même été guigner la frontière américaine à seulement 3 km, et route en direction de Manning National Parc, le parc où se termine le Pacific Crest Trail, cette petite balade de près de 4’000 km qui relie les frontières mexicaine et canadienne. Le village, comme beaucoup d’autres villages traversés, nous donne l’impression d’être dans un film Western. On devra d’ailleurs souvent se remémorer qu’on est bien au Canada et pas aux Etats-Unis! Nous poserons le van au bord d’une rivière dans un magnifique endroit où nous sommes seuls, façon de parler puisque les ours ne sont en principe pas bien loin! D’ailleurs, nos sorties pipi de nuit n’aurons jamais été aussi rapide !!!
Jour 7
Arrivés au Manning National Parc, nous irons faire quelques photos du Lightning Lake entièrement gelé où je me fais évidemment avoir en voulant marcher dessus! Je n’étais heureusement que sur les rives du lac et n’ai eu que les pieds mouillés, mais ils auront bien mis quelques heures à retrouver leur chaleur habituelle. Il est ensuite temps de se rapprocher de Vancouver et Pierrick bifurque au dernier moment vers le lieu de saut en parachute de la région. Je sais qu’il a pratiqué cette activité il y a quelques années et qu’il a souvent envie que je saute le pas au propre comme au figuré, sauf que je ne suis pas vraiment de cet avis. Un mur de grimpe ça va, mais ça n’ira pas plus loin! On s’y arrête quand même pour se renseigner, sauf qu’ils étaient fermés pour la journée. Pfiouuuu! Direction Golden Ears Park pour une très jolie dernière nuit entre les arbres avant de rendre Bell, après avoir retrouvé ma maman, ma soeur et ma nièce sur le pont suspendu de Lynn Canyon Park pour clôturer cette escapade canadienne de 1’600km en Colombie-Britannique.
Après un joli mois vécu sur sol canadien qui n’aura cessé de nous surprendre, est venu le temps toujours redouté des au-revoir et de la fermeture de cette belle parenthèse passée auprès de ma famille. Ma soeur nous dépose à l’aéroport et nous sommes tous très émus de ces adieux. Nous ne savons pas encore quand nous nous reverrons ni où, mais faisons confiance à la vie de nous réunir à nouveau quelque part sur cette planète, comme à chaque fois.
En regardant notre tracé sur la carte et les endroits que nous avons découverts, nous nous rendons compte à quel point le territoire canadien est immense, et ne pouvons qu’imaginer l’ampleur des trésors qu’il offre à découvrir. Nous savons déjà que nous reviendrons un jour pédaler sur l’île de Vancouver avec Antoine, découvrir les étendues sauvages de l’Alberta et la jolie région du Québec de Dominick. Alors, à bientôt beau Canada!
- Le routard Canada Ouest 2024-2025 ↩︎
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