Après 3 jours à Alicante pour le ravitaillement mais surtout pour attendre de meilleures conditions météo, Pegasus a pris la route aujourd’hui! Ces derniers jours, nous suivions de près l’évolution de la météo et les importantes dépressions côté Atlantique qui ont notamment perturbé le déroulement de la Transat Jacques Fabre, une régate mythique au départ du Havre pour la Martinique. Après cette première journée de navigation, nous arrivons à 2 miles de Cartagène avec bonne humeur!
Pegasus se dirige vers l’océan à la hauteur du Cap Spartel pour voguer au portant dans les vents qui bientôt le pousseront en direction des Canaries.
L’équipage se réjouit de manger avant de commencer leurs quarts. Au menu: cuisses de canards confites accompagnées de ses pommes paillassons poilées.
Tandis que la veine de vent semble s’éloigner de notre route, Yves en profite pour lancer deux lignes. Tenant encore le fil de la seconde ligne en main que ça mord déjà et voilà qu’il nous lève 4 filets de bonite qu’il servira à la façon tahitienne en entrée pour le midi. Plusieurs autres morderont à l’hameçon, mais on n’en gardera qu’une autre pour le plat du soir préparé par Rosette et Pierrick en tartare sur riz a sushi aidé par les conseils de notre cuisinier. Contre toute attente selon le GRIB, le vent se lève enfin, au travers dès 20:00 et ça avance!
Ce matin, après une nuit pour lever la pâte, Pierrick tourait des croissants maison au beurre espagnol pour accompagner un petit brunch sur le pont. Jus d’oranges pressées et café pour un reveil en douceur à tout le monde.
Tout le monde est content que le vent se soit enfin levé depuis la veille au soir pour une nuit sans moteur, berçés au glou glou de l’eau contre les coques.
Hier soir, après l’affalage complet des voiles effectué dans l’obscurité et la pluie par plus de 20 noeuds de vent, on retourne à l’intérieur où le calme est revenu avançant maintenant au moteur qu’on gardera tout la nuit. En effet, les empannages involontaires, peut-être dûs à l’autopilote perturbé par le grain que nous traversions, ont laissé la GV dans un patacaisse de ris avec une balancine qui flottait au vent.
On soupera (diner en France) cette fois des fajitas avant de partir au lit, repos bien mérité. Ce matin, le calme est revenu et vers les 9h on hisse les voiles pour repartir tranquillement. Alain en profite même pour “hisser” son hammac sous le fly!
Nous y sommes, ultime rempart avant la grande traversée pour atteindre la Martinique notre destination aux Antilles. Nous sommes arrivés le 14 novembre au petit matin au port de Las Galletas pour le gros ravitaillement de nourriture, gaz et fuel. Le départ est prévu le 17 novembre, demain matin.
Cette petite pause de 3 jours à terre nous fait du bien! On a pu rencontrer le catamaran Titom pour la première fois ainsi que les nouveaux équipiers qui prendront la place des sortants. Yves quitte notre bateau tandis que Timothée et Françoise rejoignent notre joyeux équipage. Tout le monde prépare ses petites affaires, télécharge des musique offline ou des livres sur la liseuse, on sent une petite excitation de réjouissance dans les sourires de chacun 😊
Voilà! La grand-voile est hissée et le vent s’engouffre déjà dans nos voiles nous embarquant en direction du Cap Vert pour aller chercher les alizés. Une route que nous suivrons sur plusieurs centaines de miles avant de prendre le cap vers l’ouest pour les Antilles. Le bateau tangue de gauche à droite par les creux formés par le vent. Les vagues arrivent par le bâbord et Timothée les surfe depuis qu’il a pris la barre.
En bas, on prépare un petit plat libanais, Sbenigh w riz (ragoût aux épinards) qu’on partagera sur le pont avant que chacun sombre dans une petite sieste digestive. Voilà comment commence cette traversée, dans un rythme apaisant pour ces prochains jours.
Pegasus vogue avec un bon rythme suivant le cap 220 en direction du Cap Vert. La houle du large est grande parfois avec des creux de plus de 2m mais on ne les sent presque pas. On monte et on descend avec l’onde qu’on voit partir vers l’Est comme une colline d’eau. Parfois on est surpris par les poissons volants qui rasent les flots.
L’ambiance à bord est super, on cuisine, on barre, on bouquine et on discute de tout. Aujourd’hui, en fin de journée, Rosette Timothée et Pierrick s’installent sous le fly pour une séance de yoga/muscu dans les rythmes du funk brésilien!
Ce soir, c’est apéro dînatoire après la douche et danse en musique!
« Ça scotch ! » nous dit Richard. Ah la pétole, ça il n’aime pas. Le regard dans les voiles qui faseyent, on n’attend pas longtemps pour mettre le moteur en route, moteur tribord 1h puis moteur bâbord 1h. Le ronronnement tourne de gauche à droite heure après heure dans la tombée de la nuit jusqu’au petit matin où, enfin, une petite brise se lève au travers. Mais rapidement, elle nous laisse à nouveau dans un calme plat, sur une mer d’huile. Pour nous c’est l’occasion de faire un petit bain matinal, accrochés à un bout où l’on a fait des noeuds. On s’amuse mais le bleu profond qu’on voit à travers nos lunettes de natation et les abîmes de l’océan qu’on imagine nous rappelle vite sur le pont. « C’est un peu flippant! »
Dans une ambiance presque automnal d’un ciel gris agrémenté d’une légère de pluie, on se regroupe autour de la table pour un petit jeu avant de manger une belle salade confectionnée par Timothée et la magnifique mousse au chocolat de Françoise en dessert!
Ce matin en se réveillant le moteur était éteint. Timothée finissait son quart à la barre, guidant le bateau dans un petit vent avant le petit déjeuner garni de papaye, céréales et yogourt pour certains, pain fromage beurre confiture pour d’autres mais tout le monde est content de revoir le vent. Enfin, ne crions pas victoire trop vite car les alizés sont loin et le vent est inconstant. On est ballotté de gauche à droite dans une houle croisée pas très agréable.
Dans l’après midi on arrive à un endroit où tout se passe. Pierrick décide de se tremper à l’eau tandis que Richard monte sous le fly car quelque chose est en vue. Il allume les moteurs et on se dirige vers une masse noire dérivant à plus de 170MN des côtes du Cap Vert où nous sommes. On se demande ce que c’est, un bateau retourné ? Un tronc d’arbre ? Un animal mort ? Mystère… A quelques mètres de l’objet, on reconnaît la forme d’un zodiac noir. Un de ses boudins arrières un peu dégonflé, un moteur de 25CH et personne à bord… On fait le tour sans trouver d’immatriculation mais on remarque que les sièges de fortune sont de vulgaires pneus usagés attachés avec un bout. À quoi servait cette embarcation? Pêcheurs, migrants ou bateau pour touristes, on ne le saura jamais. On l’annonce tout de même au garde côtes à la VHF en leur communiquant la position exacte de l’objet. Quelques minutes plus tard, un banc de gros dauphins ou de petites baleines fonce sur nous mais nous contourne finalement… Quel endroit étonnant tout de même…
Ce matin, Richard nous annonce que le seuil des 2000 miles restants est passé! Depuis hier, on avance en alternant les amures bâbord et tribord toutes les quelques heures, nous dirigeant avec les alizés qui forment un petit arc de cercle. On essaie de suivre la route directe sans entrer dans la future pétole qui s’étend au 270 à la hauteur du 17e parallèle. Ce cap étant la route la plus courte vers la Martinique, nous sommes obligés de passer un peu plus au sud de ce cap car manifestement les alizés soufflent plus bas que d’ordinaire.
Aujourd’hui, le soleil brille sans nuage tout comme hier. La vie à bord est rythmée par les repas le jour et les quarts la nuit. Entre ces périodes, le fly se transforme au gré des envies en salon de lecture ou groupe de discussion intergénérationnel, de solarium et salle de musculation et éventuellement en poste de navigation 😉
Alors que chacun est plongé dans ses occupations, une gros banc de dauphins vient nous rendre visite pour le bonheur de tous. Ce sont des moments précieux, des cadeaux que la nature nous offre par surprise.
Cette nuit était assez agitée par une houle transversale nous réveillant souvent. On alternait les 3 positions de sommeil pour passer le temps, sur le dos, à plat ventre ou sur le côté. Cette dernière étant la plus difficile à tenir sans rouler sur soi-même.
Dans un océan infini où la terre n’existe plus, l’équipage du Pegasus, les derniers humains d’une civilisation engloutie par la fonte des calottes polaires avancent doucement dans des alizés très affaiblis. Cette embarcation de fortune est partie à la recherche du mythe qu’il resterait encore un bout de terre saine où montagnes et rivières d’eau fraîche coulent en abondance.
Ce matin, alors que l’océan est à son calme, deux petits êtres très fatigués ont trouvé refuge sur le bateau. Un bel oiseau blanc au long bec jaune s’est posé sur ses pattes d’échassiers qui devait lui servir à marcher dans les marécages quand la terre existait encore. Quelques heures plus tard, un autre oiseau marin, avec de grandes pattes palmées roses cette fois-ci, se pose aussi sur notre embarcation. Tous deux semblent avoir élu domicile sur cette arche et redonnent espoir à l’équipage qui sent se rapprocher cette fameuse île…
Après une soirée galettes bretonnes au grand bonheur de notre skipper lui rappelant son pays, on sent que le vent se lève, s’établit et hop ça avance!
Ce matin en se réveillant, nos passagers sont toujours là. On les voyait durant nos quarts et on est content de les retrouver au petit déjeuner de croissants maison – ben oui, c’est lundi et les lundis c’est brunch!
Notre oiseau pêcheur nous a lâché pour ses amis dans la matinée nous laissant avec Steve le petit Patapon qui a élu domicile sur le Pegasus. Gentiment il prend ses aises et ose se balader entre nos jambes. On a essayé de lui donner plein de chose mais Steve fait son difficile et ne mange pas… il se réserve peut-être pour la Martinique 🙂
Depuis hier soir le vent a forci et ça fait du bien. Ce matin après le petit dej de pain frais, Timothée et Pierrick se relaient à la barre pour essayer de battre le record de vitesse. On y arrive de justesse en montant le seuil à 11.8 noeuds. Vitesse qu’on atteint en surfant sur la vague. On est aussi super content de voir Steve au réveil, toujours fidèle à son poste. Il passe la nuit dehors au même endroit sur le pont et revient sur son petit meuble habituel le reste de la journée.
Aujourd’hui, on est à équidistance de l’Afrique et de la Martinique, ça se fête alors on s’offre un petit changement d’heure et reculons nos montres de 60 minutes pour se caler avec le soleil et en profiter de son coucher aux alentours de 19h.
Ce matin, Steve nous a quitté… il est parti vers un nouveau monde laissant l’équipage du Pegasus dans la tristesse mais sachant qu’il sera mieux là où il est.
Pour nous aider à passer ce cap, Françoise nous a préparé une magnifique salade de pommes de terre œufs qui régala tout le monde!
Le beau temps est là, le bateau navigue à une allure modérée sur son tribord amure mais deux petits empannages ce matin étaient nécessaires pour corriger un peu la trajectoire.
Aujourd’hui, c’est la fête! Richard nous annonce qu’on a franchit la barrière des 1000 miles restants alors on en profite pour le fêter à chaque occasion!
On commence avec la tresse briochée que Pierrick nous a préparé cette nuit pour le petit-déjeuner. Merci à son père Norbert pour la recette 😉
Les festivités continuent avec l’ouverture du paquet de chocolats « Célébration » les minis Mars, Snickers et Twix pour le dessert à midi!
On n’oublie pas la séance de sport quotidienne sous le fly en musique pour être prêt pour le poulet à la thaïlandaise d’Alain en repas du soir mais cette fois on l’accompagne avec la bouteille de vin blanc qui attendait au frigo depuis notre départ.
Une belle journée de 1er décembre 🙂
Depuis hier, les modèles météo nous annoncent des vents favorables jusqu’en Martinique. C’est bien bruyant, on se croirait en bord de mer où les vagues déferlent sur le rivage, mais le bateau avance et avoisine presque les 7 noeuds de moyenne! Tout le monde est bien content et on s’amuse au jeu des prédictions du jour d’arrivée au Marin.
Une belle journée culinaire aussi (pour changer). Rosette nous a préparé une soupe de lentilles corail, lait de coco pour midi et Pierrick a servi deux quiches aux courgettes dont une sans gluten à la farine de maïs. La soirée continue au poker menteur où Tim nous sort petites et grandes suites presque sur commande! Une bonne heure de franche rigolade avant d’aller se coucher. Quand à lui, Pegasus tient le cap pour la Martinique sur son tribord amure comme un chef!
Hier soir, juste avant d’aller au lit, le bateau était un peu plus sous pression avec un vent plus fort. On était sous la fourchette basse de la première réduction de voilure. Comme la nuit allait commencer, c’était le moment de prendre un ris plus tôt qu’au milieu de la nuit si le vent devait forcir d’avantage. Richard, Tim et Pierrick sont montés aux commandes pour la manœuvre qui consiste à réduire la surface de la Grand Voile. Ce bateau est équipé de ris automatiques ce qui est pratique mais ne fonctionne pas toujours bien, surtout dans la nuit où il faut en plus s’éclairer avec une lampe pour voir si tout s’enchaîne correctement. Pour effectuer cette manœuvre, l’un s’occupe de la barre et lofe au maximum, l’autre descend la GV en relâchant la drisse et le dernier reprend le ris (un bout) pour étarquer la voile un quart affalée.
10 minutes plus tard, nous redescendions dans le carré, la GV arisée pour la nuit, et pouvons finir notre partie de belote tranquillement. Le bateau ne perdra qu’un demi noeud de vitesse.
Richard nous parle depuis le carré nous disant avec une main sur la bouche « la pastèque est dans le frigo, je répète, la pastèque est dans le frig… » d’un bon il sort du carré et crie « baleine, baleine » tout le monde monte sous le fly pour chercher au loin une baleine mais pas facile de la voir. Après plusieurs minutes à scruter l’océan une baleine grise à ventre et nageoires caudales blanches apparaît. « Elle est à 5h, elle est à 7h » on essaie de la repérer et la filmer. Elle sort parfois de l’eau et on la voit cracher son air en petit « geyser ». C’est saisissant ! Elle nous dépasse, passe sous le bateau, repart derrière. On la voit dans le creux d’une grosse vague, on la perd et on la retrouve sur l’autre bord. Pendant 30 min, on profite de ce bal autour du Pegasus qui semble beaucoup l’intéresser. Un magnifique moment.
On est un peu fatigué des deux dernières nuits qui étaient mouvementées par la houle bien formée. La bonne nouvelle est qu’on avance à 7 noeuds de moyenne. Dans ces conditions et avec la distance restante, 36h nous séparent de la pointe sud de la Martinique! Ça fait un moment qu’on la voit affichée sur l’écran du Raymarine, notre instrument de navigation, mais ce matin en se réveillant elle avait doublé de taille et on devinait bien mieux ses contours. Et pour cause, nous ne sommes plus qu’à 260 MN de notre île! Entre temps, la houle ne s’est pas tassée et les creux avoisinent les 3m, alors on boit des Coca Cola pour se sentir mieux en attendant le cake salé de Rosette pour midi, la salade de Tim et le smoothie de pastèque de Françoise.
Le ciel est bleu clair et la mer bleue marine. On ne compte plus les centaines de poissons volants qui frôlent les vagues avant de replonger quelques dizaines de mètres plus loin. Tout le monde attend, attend d’avoir la Martinique en vue, c’est un bon moment pour une mini Magnum dans l’après-midi.
On est à une petite journée de l’arrivée mais ce n’est pas encore la traversée qui se fête sur Pegasus aujourd’hui. On est le 7 décembre et c’est le jour d’anniversaire de Pierrick qui passe le cap du 042! C’était un cap facile à passer avec une équipe aussi géniale que celle-ci! Une belle journée pimentée de petites attentions ici et là à son égard pour finir avec une jolie fête en soirée à rigoler. Au menu: rhum à l’apéro, spaghettis bolognaise maison, moelleux au chocolat orné de deux belles bougies et une magnifique carte signée par l’équipe au top.
« Merci tout le monde pour cette belle surprise »
Comme c’est notre dernier coucher de soleil en traversée, la soirée est donc aussi au bilan et on s’accorde tous à penser que c’est une sacrée expérience humaine avant tout.
Après cette superbe soirée, chacun se prépare pour le dernier quart de la traversée car la Martinique c’est pour le 8 décembre! À ce moment là, chacun se réjouit de faire son dernier quart tranquille comme jusque ici, mais …
Il est 2330 (UT-2). Pierrick et Rosette discutent ensemble en regardant l’AIS de temps en temps, quand une lumière au loin apparaît. « Ah regarde, il y a un bateau au loin, mais c’est bizarre on ne le voit pas à l’AIS et on distingue des lumières rouges, vertes et blanches, dans une configuration originale. Bizarre… Peut-être un bateau de pêche ou un bateau de remorquage? ». Alors que les minutes passent, les lumières se rapprochent rapidement. Le relèvement ne change pas, il fonce droit sur nous! Dans un mouvement rapide, on vire de bord avec Richard pour prendre de l’angle et on l’évite de justesse. Dans la manœuvre, on se retrouve face aux vagues dont une grosse déferle sur le bateau et 50l d’eau se déversent par le hublot… droit dans la cabine de Françoise qui dort! La pauvre est trempée. Rosette descend pour voir, il y a de l’eau partout, la cale s’est remplie un peu et on actionne la pompe pour la vider. Alors que Françoise œuvre pour évacuer l’eau salée et tenter de sécher son lit et sa couette, on entre dans un gros grain. 24 noeuds de vent froid qui nous pousse au Nord, une pluie torrentielle à la latérale, c’est la douche! Tout l’équipage est trempé. On prend un ris pour réduire la voilure. Dans cette nuit bien noire, on avance un peu moins vite mais la pluie ne s’arrêtera pas avant 4h du matin.
Au matin, on règle nos montres à UT-4; il est 6h et on voit la terre! Magnifique, la Martinique est devant nous et on avance gentiment jusqu’au port du Marin dans un temps gris et un peu mystique. Après une incroyable traversée de 3 semaines, Pegasus est arrivé à bon port et tout son équipage aussi!
