Crna Gora. La montagne noire.
Vražje Jezero (le lac du Diable) était autrefois recouvert d’une forêt de pins où vivaient animaux et créatures en tout genre. Un jour, il y eut un fort orage où le tonnerre grondait furieusement et où les éclairs jaillissaient dans les montagnes. L’orage se rapprocha de la forêt, la foudre enflamma les pins et tous les habitants durent fuir dans le Durmitor. La forêt disparue laissa place à un lac très froid dans lequel la légende raconte que le Diable vit encore aujourd’hui, dans son château de cristaux de glace enfoui dans les profondeurs. Il est dit que si une femme traverse le lac à la nage, le Diable sort de l’eau pour l’attraper et l’emmener dans sa demeure. Les hommes qui oseraient s’y aventurer ne sont pas en reste puisque, dans ces cas, c’est la femme du Diable que se charge de les emporter dans la noirceur du lac…
Loin de là, à Shköder en Albanie tout près de la frontière monténégrine, Björn et Sirius attachaient leur dernière sacoche, prêts à partir en direction du lac de Shköder où ils avaient rendez-vous avec Savona et Tofino.
- Ah quel beau temps aujourd’hui, dit Sirius, occupé à bien serrer les sangles qui retenaient les bananes qu’il transportait toujours sur le dessus de son porte-bagage pour parer à toute potentielle faim sur la route.
- Magnifique, répondit Björn, j’ai hâte de passer cette frontière pour nous lancer dans ce petit pays.
- Mais avant, on a rendez-vous avec nos potes !
Après neuf jours passés en Albanie, Björn et Sirius se réjouissaient de revoir leurs deux amis de route, rencontrés plus tôt dans les montagnes grecques. Ils arrivaient à la hauteur de la station service quand ils virent les deux vélos arriver à leur rencontre.
- Trop cool, c’est eux! dit Sirius.
- Eh, salut les petits suisses, s’écria Savona en arrivant à toute vitesse, suivie de près par Tofino.
- On n’est pas petits, rétorqua Björn avec un sourire, c’est Tofino qui est très grand!
- Ça fait super plaisir de vous revoir, ajouta Sirius, vous avez fait bonne route ?
- On est un peu fatigué par la visite des montagnes de l’Est de l’Albanie, répondit Tofino, mais on a hâte de découvrir celles du Monténégro. D’ailleurs, il faut qu’on vous parle d’une histoire, enfin d’une légende, ça se passe dans le Du…
- Allez les gars, on y va, j’ai préparé un super itinéraire pour rejoindre le Monténégro par le bord du lac, vous verrez c’est top, coupa Björn toujours impatient de prendre la route, suivi de Savona qui lui emboita le pas.
Le quatuor prit donc le chemin de la frontière par une jolie route longeant le lac, qui ne tarda pas à se muer en chemin difficilement praticable. Björn commençait un peu à douter de son itinéraire alors que Savona avait aussi l’air de se demander si Björn savait où il allait.
- Tu penses qu’on va arriver à rejoindre le Monténégro par ce sentier? demanda Savona
- Je suis en train de suivre le GPS, c’est tout bon, répondit Björn en feignant l’assurance alors que, derrière, Tofino toujours tranquille discutait avec Sirius.
- Ouais, il y a quand même de gros cailloux maintenant, s’inquiéta Savona.
Alors que le chemin s’arrêta net, une grand route asphaltée démarrait, là, au milieu de nulle part.
- Bon ben, je crois qu’on y est, déclara solennellement Björn, fier mais content que voir enfin une vraie route.
- Ce serait cool de trouver un spot sympa pour manger, proposa Savona.
- Mouais, pourquoi pas, continua Tofino, je pourrais aussi manger un petit quelque chose.
- Nous on est à jeun et on a aussi faim, dit Sirius. Il est déjà 14h en fait et on n’a pas vu passer le temps sur les “supers” chemins de Björn…
- Nous on n’a pas grand chose, s’inquiéta Björn. On n’a pas fait les courses encore et je ne crois pas qu’il y ait grand chose à proximité.
- Ne vous inquiétez pas, on a tout ce qu’il faut dans nos sacoches, rassura Tofino qui était toujours chargé de plein de nourriture.
Rapidement, ils trouvèrent un endroit pour partager la nourriture de Savona et Tofino, car manifestement les sacoches de Björn et Sirius étaient aussi vides que leur estomac ! Alors qu’ils reprenaient la route en haut des montagnes qui se jettent dans le Lac de Shköder, ils firent la rencontre de City, un Gravel qui faisait une pause après une longue montée, arrivant en sens inverse.
- Vous n’avez pas pris la bonne route les amis ! s’exclama City. Le Monténégro n’est pas en Europe et vous deviez passer par une douane pour vous faire enregistrer. Vous risquez gros car à votre sortie, il faudra prouver que vous n’êtes pas restés plus de 30 jours dans le pays.
- Ooooh noooon, à chaque fois j’ai des soucis avec les douanes, s’inquiéta Tofino.
- J’étais sûr qu’il ne fallait pas passer par là Björn, s’écria Sirius en sermonnant son frère.
- Comment est-ce que je pouvais le deviner moi, se défendit Björn d’un coup inquiet lui aussi. J’ai juste suivi ce que me disait Komoot…
- Pas de soucis, on verra bien, rassura Savona.
Alors que City sortit une grande carte routière, tout le monde se rassembla autour du parchemin.
- Est-ce que vous pensez rejoindre le nord-est du pays ? demanda City
- Justement, je voulais vous parler du Durm… essaya de dire Tofino qui fut coupé par City.
- Le Durmitor ! dit City, j’en reviens, il vous faut à tout prix y aller, c’est juste magnifique! Bon, je l’ai fait sous la pluie car il y avait un orage, mais c’était très beau malgré tout.
C’est alors que Tofino se leva, dépassant tous les guidons des autres vélos d’une bonne vingtaine de centimètres:
- Oui, le Durmitor ! Nous y allons, et je vais vous dire pourquoi.
Alors que City, Björn et Sirius restaient bouche-bée, impressionnés par la taille de Tofino, Savona continua:
- Exactement! Lorsque nous étions dans les montagnes de l’Albanie, nous avons appris une histoire sur le Durmitor.
- Nous avons rencontré un vieux vélo tout rouillé abrité sous le porche de sa maison alors qu’un orage grondait violemment. Après avoir partagé nos bureks avec lui, il nous demanda notre itinéraire. On lui a dit qu’on allait en direction des Montagnes Noires. Mais à ces mots, il s’est redressé dans un grincement de vieux fer et nous a regardé avec sa vieille lampe jaunie en disant: “Maudis que vous soyez, n’y allez pas ! Dans les montagnes vit le fantôme d’une jeune bicyclette qui a vu le Diable”.
- Il avait l’air terrifié, précisa Savona.
- Quand on est redescendu, et c’est ce qui explique notre petit retard de ce matin, continua Tofino, on est passé à la bibliothèque de Shköder pour y faire quelques recherches. On est tombé sur des coupures de vieux journaux…
Tofino raconta la légende du Vrazje Jezero, expliquant que selon les coupures de journaux trouvées, une jeune bicyclette aurait traversé le lac 35 ans plus tôt. A ce jour, il ne reste aucune trace ni d’elle ni de son cadre, que ce soit au fond du lac ou dans tout le pays.
- Mais c’est incroyable cette histoire! s’exclama Björn tout excité.
- Le plus incroyable, c’est ce que le vieux vélo a fini par nous dire avant qu’on ne parte, dit Tofino.
- Oui, continua Savona, il semblerait que la jeune bicyclette ait laissé ses mémoires dans une caverne de glace de la montagne “Obla Glava”…
Sirius, silencieux, écoutait cette histoire sans broncher.
- Alors les petits suisses, continua Savona, l’aventure vous tente ?
- Go ! s’écria Björn suppliant son frère du regard.
- Ok, dis simplement Sirius, mais si c’est trop dangereux, on rebrousse chemin.
- Dangereux ça l’est, indiqua City, il y aura beaucoup d’obstacles à franchir, entre les gros dénivelés et les petits chemins, je vous souhaite bon courage et surtout, j’espère que vous n’aurez pas d’orage…
Cette nuit, le quatuor se coucha tard et eut de la peine à trouver le sommeil. Chacun pensait à la route qui les mènerait jusqu’au Durmitor.
Le lendemain, Savona était la première debout. Soucieuse de l’avancée du petit groupe, elle avait déjà pris son petit-déjeuner et commençait à ranger ses sacoches. Björn et Sirius, eux, dormaient encore, habitués à leur grasse matinée.
- Allez les amis, s’inquiétait Savona, la journée va être dure, on a plus de 1’500m de dénivelé à faire pour rejoindre le Parc National Lovcén.
- Ne t’inquiète pas, on sera vite prêt, avisa Sirius, on ne mange pas le matin.
En moins de 45 min, l’équipe était sur la route.
- City ne nous avait pas prévenu des voitures monténégrines, s’énervait Sirius.
- Comment ça? demanda Tofino.
- Ils sont fous comme ils roulent dans leur gros SUV. On sent bien qu’on est plus en Albanie!
- Ne vous inquiétez pas, mon GPX nous emmène sur une petite route à la sortie du village de Virpaza.
Alors que Tofino était content de se laisse guider par Björn, Savona, elle, se demandait si ce dernier n’allait pas emmener le quatuor une fois de plus sur un de ces chemins caillouteux sans fin et leur faire perdre de précieuses minutes sur le parcours.
- On vous attend au prochain village Björn, dit Savona.
- Pas de soucis, à chacun son rythme, répondit Björn qui se demandait si ce n’était pas son chargement patagonien qui le ralentissait un peu.
- C’est dur cette montée, se plaignit Sirius qui avait déjà vidé ses gourdes.
Une heure plus tard, nos deux suisses rejoignèrent leurs amis français pour une petite pause café / coca / bière dans le petit village de Cetinje.
- On pourrait peut-être passer la nuit ici, proposa Sirius.
- Je ne sais pas, on a beaucoup de dénivelé encore pour atteindre le col au dessus de Kotor avant la grande descente sur Niksic, disait Savona.
- La météo ne sera pas très bonne dans deux jours, s’inquiéta Björn qui avait assez envie d’avancer lui aussi.
Autour d’eux, les gens du village regardaient les 4 vélos avec méfiance.
- Vous avez vu comme ils sont étranges dans ce pays, s’inquiéta Sirius. On devrait peut-être renoncer à ce projet et rejoindre la Bosnie par un chemin plus court.
- Ah, vous croyez ? dit Tofino qui avait plutôt envie de faire une sieste.
- C’est vrai qu’il y a quelque chose de different dans ce pays, acquiesça Björn. On dirait qu’il ont peur de nous. Ne trainons pas trop et avançons.
Depuis leur entrée dans le Monténégro, la nouvelle avait vite fait le tour du pays et les habitants étaient inquiets que des touristes se mettent sur les traces de cette vieille histoire de jeune bicyclette disparue. Ne connaissant pas le dialecte monténégrin, ni Sirius ni personne du groupe ne comprenait pourquoi les gens les dévisageaient de la sorte. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est qu’il y avait aussi des personnes qui espéraient que la malédiction du Lac du Diable prenne fin une fois le mystère de la jeune bicyclette résolu.
Le quatuor, les sacoches toujours pleines de burek, passait des cols, bravait des descentes infernales, traversait des plaines denses en végétation pour arriver à la dernière grande ville de Niksic où ils trouvèrent abri chez une très gentille dame.
- Avant d’aller dans le Durmitor, est-ce que ça vous dit d’aller en ville ce soir ? proposa Björn.
- Bonne idée, répondit Tofino qui avait toujours faim.
- Aujourd’hui on est le 21 mai, expliqua Sirius toujours bien informé, c’est la fête de l’indépendance du Monténégro vis-à-vis de la Serbie.
Ce soir-là, l’attention des villageois était en effet tournée vers la grande scène où dansaient et chantaient des artistes en habits traditionnels. Tout le monde était heureux et ne remarquait pas la présence de nos 4 vélos qui se mêlèrent à la foule pour profiter de cette ambiance bienveillante avant de regagner leur petite habitation.
- Ils sont finalement sympas ces monténégrins ! s’exclama Sirius
- C’était super cool cette soirée, dit Savona, ça change et ça fait du bien.
- Et les desserts sont tellement bons dans cette ville, dit Tofino, j’en ai mangé trois je crois.
- Avec tous ces km, on peut bien se permettre quelque petits extras, sourit Björn.
Le lendemain, Tofino et Savona partirent seuls en direction du grand pont de la rivière Tara, l’endroit où avait été vue pour la dernière fois la jeune bicyclette avant de se rendre au Vražje Jezero.
- On va prendre une petite journée de repos ici, expliqua Sirius.
- Oui, on va essayer de trouver d’autres informations à Niksic, dit Björn. Retrouvons-nous à ce point GPS dans deux jours.
- D’accord, pas de problème, répondit Savona qui était déjà prête au départ.
Tofino et Savona partirent sous la pluie en direction de la rivière Tara alors que Björn et Sirius retournèrent se coucher pour mieux réfléchir à la suite de la journée.
- Sirius, tu as vu comme la dame de maison était émotive quand on lui a dit bonjour ce matin?
- Oui, j’ai trouvé aussi, c’est étrange.
- Elle n’est pas comme les autres, je trouve.
- Exactement, elle semble heureuse qu’on soit là.
De retour dans le centre ville, Björn et Sirius trouvèrent la ville déserte. Quand ils avancèrent dans les rues, ils crurent apercevoir le regard des habitants qui les observaient entre les lamelles des stores entre-ouverts.
- Je crois qu’il n’y a plus rien a faire ici, déclara Björn, allons faire nos bagages et partons aussi en direction des montagnes du nord.
- Oui, allons dire au revoir à notre hôte et partons.
Alors qu’ils étaient prêts à prendre la route, la dame de l’appartement se tenait devant la porte pour leur souhaiter bonne route. Elle avait les yeux humides et tenait entre ses mains un papier avec une inscription en monténégrin.
- Merci pour tout, dit Sirius, on s’est senti comme à la maison chez vous !
Dans une chaleureuse accolade, elle glissa le papier dans les mains de Sirius en lui murmurant quelque chose d’inintelligible dans sa langue. Son regard chargé d’émotion semblait exprimer quelque chose de profond. Après un dernier salut, les deux vélos reprirent la route en direction du Durmitor pour retrouver Tofino et Savona.
- Tu as compris ce qu’elle a voulu dire, demanda Björn, quand elle t’a donné ce papier ?
- Non, je n’en sais rien, répondit Sirius l’air inquiet. Il y a un mot écrit en monténégrin, ça ne va pas être facile de le faire traduire.
- Sûrement un petit message pour nous souhaiter bon voyage !
La route montait gentiment en direction des montagnes et, comme convenu, le quatuor se retrouva pas loin du fameux Vražje jezero. Savona était toute excitée.
- Hey, vous avez trouvé quelque chose près de la rivière Tara ? demanda Björn.
- Justement, répondit Savona, on a des infos !
- Il y a 35 ans, continua Tofino, une jeune bicyclette traversa le pont de la rivière Tara. C’était elle ! Elle était partie pour aller voir le lac du Diable dont tout le monde avait peur ici.
- Elle voulait voir si oui ou non, le Diable se cachait dans ce lac.
- Et de votre côté, demanda Tofino, vous avez trouvé quelque chose à Niksic ?
- Juste des bureks, répondit Björn tout content de contribuer à la nourriture du groupe sans que Tofino et Savona ne doivent vider leurs sacoches pour nourrir toute l’équipe. On en a pris pour vous !
- Enfin, dit Sirius, la dame de l’hôtel nous a donné une sorte de lettre, mais impossible de déchiffrer ce qu’il y est écrit, c’est en monténégrin.
- Fais-voir, demanda Tofino, il me semble que j’ai déjà vu ce mot, il était écrit aussi dans l’article qu’on avait vu à Shköder.
- Tu penses que l’affaire pourrait être liée? demanda Sirius
- Allons voir ce à quoi ressemble ce lac, proposa Savona, puis on se dirigera vers la grotte de glace voir ce que l’on y trouve.
Qui oserait aller nager dans ce lac ? Quand les quatre vélos se trouvèrent face à cette petite étendue d’eau, une sorte de malaise les gagna. Devant eux, une eau sombre qui semblait très profonde était entourée par de l’eau très claire de couleur turquoise. Telle une pupille et son iris, l’oeil semblait les regarder. Un gros “plouf” fit sursauter Björn, Sirius et Savona. Tofino venait de se jeter dans l’eau froide.
- Elle est trop bonne, cria Tofino. Allez, venez !
- T’es ouf, rétorqua Savona. J’aime pas l’eau froide.
Björn et Sirius ne tardèrent pas à rejoindre Tofino qui serrait les dents, crispé par le froid de l’eau.
- Si un Diable vit ici, il doit se les peler, rigola Björn.
- En tout cas, il n’y a rien ici, pas de signe de bicyclette, remarqua Savona. Allez venez, le ciel devient tout noir, on ferait mieux de se rendre dans le Durmitor. On n’a presque pas roulé aujourd’hui.
Les vélos sortirent tout propres de cette eau cristalline, laissant graisse et poussière disparaître dans les profondeurs de cet immense trou inondé que formait ce lac. Il ne leur fallu pas longtemps pour arriver vers la grotte de glace. Alors que la nuit tombait rapidement, ils entrèrent dans cette petite cavité de la montagne pour y passer la nuit.
- C’est fou comme la nuit est tombée vite, remarqua Sirius, on n’y voit plus rien alors qu’il n’est que 19h.
- On fouillera cette caverne demain, proposa Björn, nos lampes sont toutes HS.
Six heures plus tard…
- Sirius, tu dors? murmura Björn.
- Oui, grommela Sirius, avant que tu ne me réveilles.
- Tu as vu cette lumière? demanda Björn en faisait un signe discret dans sa direction.
- Ooooh…
- Je vais réveiller Tofino et Savona, dit Björn qui se glissa sans bruit, tremblant, dans leur direction.
- Hey… Réveillez-vous, il y a quelque chose de bizarre dans le fond de la grotte.
Les quatre amis, au milieu de leur nuit, avancèrent en direction de ce faisceau lumineux. Là, par terre, un carnet était coincé sous la glace, à quelque centimètres seulement. Björn le délogea facilement et s’écria en l’ouvrant:
- Sirius, regarde, est-ce que tu as toujours le papier de la dame ?
En prenant la feuille, ils virent que c’était la première page déchirée du carnet et que les écritures correspondaient.
- Savona, est-ce que tu as toujours ton petit lexique monténégrin? demanda Sirius.
Ensemble, ils réussirent à déchirer plusieurs mots et finalement recomposer quelques phrases. Sur le petit bout de papier que lui avait remis la dame, on pouvait lire:
“1987 … ma soeur, … fatiguée de cette crise économique … partie découvrir mon pays et le reste du monde loin de la Yougoslavie … rejoins-moi quand tu peux”
Quelques pages plus loin:
“Plongez et nagez, cette eau pure n’a demeure que celui qui y reste trop longtemps. Si l’orage arrive alors partez dans le Durmitor, vous y trouverez de quoi vous abriter.”
Ne trouvant plus le sommeil, les quatre aventuriers excités de leur découverte comprirent qu’une quarantaine d’années plus tôt, une jeune bicyclette, habitante de Niksic, oppressée par le régime de la grande Yougoslavie, ne rêvait que d’aventures. Un matin, elle prit son destin en main, laissant un petit mot à sa soeur lui disant qu’elle partait découvrir le nord de son pays et ses légendes. Après avoir été impressionnée par la beauté des paysages, elle aspirait à aller plus loin encore. Elle invita sa soeur à la rejoindre pour continuer le voyage ensemble mais, sa soeur ne venant pas, elle continua seule son périple. Une nuit, elle s’était abritée dans la caverne Obla Glava alors que l’orage grondait dans le Durmitor, mais la quitta en oubliant son petit carnet. Ses derniers mots disaient qu’elle se dirigeait vers ce qui est aujourd’hui la Bosnie-Herzégovine.
Fascinés par cette histoire, nos quatre vélos décidèrent de poursuivre leur route sur les traces de cette jeune aventurière en direction la rivière Piva qui les mènerait aux portes de la Bosnie-Herzégovine. Ils partirent en laissant eux aussi le carnet dans la caverne, là où ils l’avaient trouvé, et y notèrent à leur tour un petit mot pour les prochains voyageurs qui trouveraient refuge en ce lieu.
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