Le col de l’Izoard, c’est un col mythique sur la route des Grandes Alpes, souvent emprunté par les cyclistes du Tour de France. C’est se lever le matin avec une mine fatiguée du Galibier de la veille. C’est sentir ses cuisses et avoir des courbatures au dérailleur, mais se dire que ça va devrait bien se passer, qu’on est finalement bien entraîné pour ces 1’300m qui nous défient.
On fait le plein d’énergie, on enfourche nos deux vélos et c’était parti pour cette nouvelle ascension! La route qui quitte le camping des 2 glaciers sait où nous allons et nous ménage avec douceur jusqu’à Briançon, une vingtaine de km plus loin. On voit le fameux panneau jaune indiquant le nombre de kilomètres qui restaient avant le graal (19, soit dit en passant), ainsi que la pente du prochain kil, plutôt rassurante.
En effet, l’ascension se fait en deux parties: une première assez facile sur 9 km avec une pente qui fait même sourire Björn et Sirius “avant que les choses ne se corsent” (j’entends Pierrick qui fait son accent du sud!). A 8% de moyenne, nous aurions fait 30 km d’échauffement pour 10 kil de montée sérieuse! La montée est toutefois très agréable, dans la forêt, avec de beaux lacets bien dessinés. La route nous fait même un clin d’œil avec le hameau de Laus, qui nous rappelle certainement le surnom de notre chère Lausanne.
Moins connu des cyclistes que son confrère le Galibier, ce col reste malgré tout pris d’assaut par les motos chevronnées, ce dont nous nous serions bien passé. Après quelques kilomètres de sueur, que du bonheur de voir enfin apparaître le Refuge de Napoléon qui annonce le sommet. Allez, encore quelques efforts pour ce dernier kil et c’est la délivrance Sirius! Et c’est le sourire aux lèvres qu’on arrive au fameux col où nous attendent un Pierrick tout ému et un Björn tout fier.
Il faut dire que le sommet est à la hauteur de la difficulté. Un paysage dantesque à 2’360m d’altitude, d’une beauté à en oublier l’effort qu’il nous a fallu pour y arriver. Le col d’Izoard nous a laissé dans un univers presque lunaire, nous montrant une facette des Alpes qui nous était encore inconnue. Que de “oh!!” et de “ah!!” dans la descente du versant sud du col, à cligner des yeux pour vérifier que ce que l’on voit est bien réel. C’est véritablement le highlight de notre première semaine de bikepacking.
Ce col ne nous aura pas laissé indifférent et nous sommes heureux de rejoindre le Camping de l’Izoard pour faire durer le plaisir de rester quelques jours dans cette région mythique. L’enchaînement de ces deux monstres du cyclisme français nous donne l’impression d’avoir largement décroché le droit à un jour de congé! Nous posons la tente pour deux nuits dans une magnifique pinède où les écureuils sautent de branche en branche.
Prendre possession des lieux n’est pas exagéré pour décrire notre installation dans le chouette café du camping au mobilier dépareillé. Nous avons choisi le meilleur coin-canapé et n’avons plus décollé de notre spot, à compléter notre blog, bouquiner (Dans les bois de Harlan Coben) et commander toute la carte du café à Mattias, le tenancier très sympa. Deux repas lyophilisés ont clos cette journée bienvenue de farniente et hop, au lit! On quittera cet endroit très douillet le lendemain, avec bcp de regret et la certitude d’y revenir un jour.
Mais que du bonheur de retrouver nos montures et de reprendre la route avec, en plus, une chouette récompense à la clé: les retrouvailles avec Norbert le papa de Pierrick et sa chère Véro! On était tout feu tout flamme à l’idée de ce moment en famille, surtout après avoir exploré une région qui leur est si chère. Nous avions hâte de retrouver nos discussions à la lueur des bougies et nos moments de partage si précieux. C’est donc plein d’entrain que nous avons déroulés la soixantaine de kilomètres qui nous séparait d’eux.
Retrouvailles très émotionnelles au Relais fleuri, avant de finir la journée à vélo avec Norbert sur les 10 derniers kilomètres qui nous séparaient de notre prochain camp de base, sur les rives du magnifique lac de Serre-Ponçon aux reflets turquoises. Nous serons heureux d’y passer deux soirées magiques ponctuées d’une journée où père et fils, insatiables, ont sauté sur l’opportunité de suer ensemble sur leurs vélos, et où j’ai passé le meilleur des moments avec Véro, qui m’a partagé sa passion du dessin.
Et où puiserait-on la joie des retrouvailles s’il n’y avait pas de séparation? C’est donc avec beaucoup d’émotion que nous regardions, une nouvelle fois, le camping car de Norbert, qui nous avait apporté tant de bonheur, s’éloigner dans les virages en direction de la Suisse, avec, déjà, les réjouissances de nos prochaines retrouvailles.
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