Le col du Galibier

  • Aïe, hé … doucement !
  • Qu’est ce que tu as encore Björn ? À peine on te touche que tu râles, laissent-les t’assembler, ils savent ce qu’il font, regarde-moi, à peine hors du carton que me voilà prêt.
  • Non, mais tu vois bien qu’ils font tout de travers! Regarde, mon guidon est trop haut et une vis est mal serrée, elle va bouger au premier choc.
  • Ça va aller Björn, ça va aller.

En provenance de Cologne en Allemagne, c’est à Vevey, dans un petit atelier de vélos que Björn et Sirius virent le jour pour la première fois. Une fois assemblés, ils faisaient belle allure dans leur robe noire métallique et regardaient les clients qui entraient et sortaient du magasin:

  • Ah non, pas lui ! disait Björn en regardant un client qui posait ses mains sur son guidon.
  • Et pourquoi pas ? lui rétorquait Sirius, lui qui était suspendu au mur et qui regardait la scène de haut, bien intouchable. 
  • Et bien, déjà il a les mains trop grosses et ça me fait mal quand il serre ma guidoline, se plaignait à nouveau Björn.  Mais c’est surtout qu’il cherche un vélo pour lui et moi je ne veux pas partir sans toi Sirius…

Après avoir essayé d’autres vélos, le client reparti sans rien acheter ce qui soulagea Björn qui ne voulait pas quitter son grand frère si vite. Sirius, toujours accroché au mur, regardait son frère qui faisait des aller-retours devant le magasin, où les clients se succédaient. Il entendait le vent qui glissait dans les rayons et les pneus qui crissaient sur les petits graviers, se demandant quand viendrait son tour. 

Quelques jours plus tard, un couple entra dans le magasin à la recherche de vélos de voyage. Ils posaient plein de questions aux vendeurs, essayaient différents vélos. Quand le garçon mit un premier coup de pédale sur le Bombtrack Beyond en acier, Björn savait qu’il avait trouvé son cavalier. Il se fit tout doux pour convaincre sa femme, elle qui hésitait un peu face au guidon très évasé.  Une fois le couple reparti, Björn de retour dans l’atelier dit à son frère: “Il faut absolument que tu descendes de ton mur Sirius, viens avec moi, on part voyager !”. Et c’est comme ça que Björn et Sirius, les inséparables Beyond, décidèrent de prendre la route pour un long voyage à travers les Alpes.

En arrivant à Saint-Michel de Maurienne, Björn s’exclama:

  • Pouaaah t’as vu ce speed qu’on s’est fait vent arrière avec tous ces camions ? On a passé les 36 km/h ! Comment se sent Rosette ?
  • C’est chaud, c’est chaud, je fais mon maximum pour que ça soit fluide, mais je la sens très tendue. C’est de la folie comme les camions vont vite, à un moment j’avais peur qu’elle nous arrête sur le côté, mais elle a un moral d’acier et garde toujours le contrôle, répondait Sirius.
  • Moi je trouve incroyable comme elle gère, ça ne fait que quelques mois qu’elle a commencé le vélo, une chance que tu t’occupes si bien d’elle, Sirius !

Le Galibier est le monstre sacré du cyclisme depuis 1911 quand les « forçats de la route » le franchirent lors du tout premier Tour de France. Sachez, qu’à l’époque, le dérailleur était interdit.  On grimpait avec un braquet de 21×11 soit environ 4 mètres de développement à chaque tour de pédale !

Seuls trois coureurs avaient vaincu le monstre (Geoget, Duboc et Garrigou) sans mettre le pied à terre.

maurienne-tourisme.com

Une heure plus tard, après une pause café et une casquette du “Col du Galibier” achetée par Pierrick, les 2 clics des pédales de Björn marquaient le début de l’ascension du Col du Télégraphe.

  • Björn! Ne pousse pas trop notre Pierrick, n’oublie pas qu’il commence à avoir un peu mal au genou.
  • Ouais, ouais… répondit Björn. On va aller se faire ce premier col à fond ! pensait-il secrètement.

La montée était rude et le duo Björn Pierrick était tout en admiration en voyant arriver Sirius et Rosette, après une journée qui comptait plus de 1’200m de dénivelé. Postés l’un à coté de l’autre sous le panneau indicateur du col, Björn et Sirius, fiers de ce petit exploit, savouraient le moment de pose la tête haute devant les passants qui les regardaient avec respect. C’est pas rien de porter de si grosses sacoches de part et d’autre de leurs porte-bagages !

Les roues un peu fatiguées, nos deux vélos prendront un petit jour de pause bien mérité au camping de Valloire tandis que Rosette et Pierrick profiteront de cette “pause” pour enfiler leurs chaussures de trail et monter au sommet du Pain-de-Sucre. L’air frais de la forêt et la vue dégagée sur la petite vallée où est lové le petit village de Valloire les ressourça.

Au réveil du deuxième matin, Sirius se prit d’un fou-rire: 

  • Hahaha, mon vieux, mais regarde-toi, une journée de repos et te voilà encore plus plat que plat !
  • Hein ?!? Mais que m’arrive-t-il ? Quelle horreur, Sirius aide-moi, j’ai les pneus tout plats ! s’inquiétait Björn.
  • Oui, je vois bien, toi qui veut faire le malin et partir tubeless et bien voilà que tu es même airless ! 
  • Bah, tu peux rire autant que tu veux, mon Pierrick a tout prévu, il a pris avec lui une bonbonne Mock-OFF, tout ira bien !

La petite bonbonne n’aura pas suffit et c’est dans le bike-shop du village que Björn se senti regonflé à bloc.

  • Allez, tu sais ce qui nous attend aujourd’hui, Björn ? demandait Sirius.
  • Le Galibier ! Enfin, j’attends ce moment depuis que la famille Terrettaz nous en parle. Le col mythique qui sépare la Savoie des Hautes-Alpes.

A midi, en plein cagnard, nos deux Bombtrack se lançaient dans une ascension difficile de plus de 1’200m de dénivelé.

  • 87, on en est à 87 motards Sirius, j’en peu plus de les entendre, disait Björn à son frère.
  • Moi non plus, je perds l’équilibre quand ils passent trop près de moi, mais la route est juste sublime, le décor s’ouvre, les arbres laissent place aux pâturages qui eux disparaissent au profit des rochers culminants à plus de 3’000m d’altitude. C’est juste Wahou!

Björn, qui pousse toujours Pierrick un peu trop fort, regarde arriver Sirius et Rosette avec un immense sourire après ces 2km très raides qui terminent le col. Après un bisou de leur deux cyclistes, ils sont déposés pour une photo souvenir au pied du panneau indicateur affichant fièrement “Col du Galibier”. Ils narguent les Yamaha, Triumph ou Harley-Davidson qui les regardent soudainement très silencieuses, après avoir hurlé dans les virages de la montée.

Une fois redescendu du col de l’autre coté, les deux vélos se retrouvent comme chaque fin de journée, gentiment déposés sur un joli carré d’herbe, cadenassés ensemble pour une nuit de repos.

  • Qu’est-ce qu’on est bien tous les quatre Björn, quand je repense à tous ces km déjà parcourus ensemble depuis le shop Rando Bike à Vevey, tous ces paysages qu’on a vu en seulement 8 jours!
  • Attends Sirius, je les entends en train de discuter au téléphone avec le père de Pierrick qui essaie de les emmener sur un nouveau col… Le col d’Izoard, se réjouissait Björn qui n’attendait que de bouger ou peut-être que c’était la crainte que ses pneus ne se dégonflent une fois de plus si l’arrêt était trop long.

En effet, après le repas dans un school bus aménagé en food-truck non loin du camping des 2 glaciers, nos quatre voyageurs plongèrent rapidement dans un sommeil réparateur car le lendemain, motivés par la proposition de Norbert, la journée s’annonçait longue et difficile.

7 réponses à “Le col du Galibier”

  1. Pauvre petit Björn, il m’a fendu le cœur avec ses pneus tout plat 🥹.

    1. Ne t’inquiète pas, il a repris du poil de la bête depuis. Il est tout fier avec ses pneus qui se réparent tout seul 😁

  2. Trop beau ! Merci pour l’histoire !
    Bravo et Aller! Aller! Aller !

  3. J’adore! 😀
    Tellement vaillants et courageux ces Björn et Sirius <3

  4. Vous nous aviez caché vos talents de narrateur !
    Superbe histoire qui nous fait partager vos aventures avec envie et plaisir!

  5. Tellement cool de vous lire !
    Et j’adore aussi avec les perspectives de Björn et Sirius 😁

  6. Ahaha, bien vu 🙂 (vous m’avez fait penser a un road raconté par deux chiens 🐕 😉 )

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