Poursuivant notre avancée dans le Languedoc-Roussillon, nous voilà arrivés en Terre Cathare. Alors que j’avais 10 ans et que nous devions rendre un exposé sur le sujet de notre choix, j’avais, à la suggestion de ma mère, justement fait un travail sur les cathares. Je dois bien avouer ne pas me rappeler grand chose du travail rendu, mais cette sensation d’être depuis ces années attaché à leur histoire ne m’a pas quitté.

Relisant la page Wikipedia pour me remettre dans le bain, voici ce qu’il s’y dit:
Le catharisme (du grecκαθαρός / katharós, « pur ») est l’appellation contemporaine d’un mouvement — ou d’un ensemble de mouvements — religieux chrétien médiéval européen en dissidence vis-à-vis de l’Église catholique romaine, trouvant un écho particulier dans le Midi de la France. […] Le nom de « cathares » a été donné par les adversaires de ce mouvement. […] Pour le cathare, Dieu étant absent de ce monde, le Bien se confond avec le spirituel et le monde matériel est vu comme mauvais. […] La répression contre les cathares commence dès le début de la croisade : les hérétiques pris ont le choix entre revenir dans le giron de l’Église catholique romaine ou périr sur le bûcher. […] La plus connue est le siège de Montségur en 1243-1244 et la mort sur le bûcher de plus de 200 croyants cathares.
Wikipedia.org – Catharisme
Alors voilà l’univers chargé d’histoire dans lequel nous évoluons et où les locaux, bien loin de l’Inquisition aujourd’hui – fort heureusement – sont fiers de mettre en avant leurs terres et châteaux, anciennement habités par les cathares ! D’une certaine manière, on le ressent aussi. Il y a quelque chose de different dans ce département de l’Aude que nous traversons à vélo. La pureté, la douceur, la beauté ! Comme si le temps avait érodé les souvenirs de la croisade passée pour laisser à nouveau la place à la paix et la sérénité. Cette tranquillité est à l’image de l’Aude, cette rivière si transparente et froide qui s’écoule gentiment des Pyrénées jusqu’en Méditerranée.

Notre immersion dans le Pays Cathare commence à notre réveil dans un camping un peu alternatif où les animaux de la ferme se baladent au gré de leurs envies. Perchés sur le Belvédère, nous faisons face aux Quatre Châteaux de Lastrours, anciennes ruines lovées dans un paysage de collines et d’arbres touffus. Après le réveil (tardif) du coq, haut gardien de ses poules, on profite d’un jour de répit avant de se lancer dans une petite étape pour aller visiter la Cité de Carcassonne, magnifiquement restaurée au 19ème siècle par Violet-le-Duc. On est impressionné par sa grandeur dans laquelle il est facile de s’imaginer chevaliers en cotte de maille longeant ces hauts murs, épée à la main. Aujourd’hui, la Cité abrite de très bons glaciers et restaurants qui nous ont retenu jusqu’à la nuit tombée.


Au lendemain, après avoir laissé le Canal du Midi pour remonter gentiment l’Aude, on se dirige dans les Pyrénées pour espérer peut-être atteindre Andorre. Au bord d’une petite route de St-Polycarpe, on rencontre Joanny qui semblait nous attendre avec ses longs cheveux gris. On s’arrête machinalement devant lui pour lui demander où trouver une superette. On repartira 45 min plus tard après avoir écouté le récit d’une vie très atypique, le genre de rencontres qui nous laisse un peu abasourdis tant ses histoires détonnent avec notre façon de vivre, nous, citadins aimant toutefois beaucoup la nature et la simplicité.
Pendant ce temps, il s’avère que Björn, suspendu aux lèvres de notre ami Joanny s’est complètement relâché à la chaleur du soleil qui tapait sur son pauvre pneu arrière, et s’est vu perdre, une fois de plus, son précieux liquide et l’air qu’il retenait. C’est donc avec un pneu tout plat à peine regonflé qu’on s’est dirigé vers le prochain village pour réparer une bonne fois pour tout ce petit trou…

Cette journée, courte en km, s’avère être grande en rencontres (est-ce le pays cathare ?). 25 km plus loin, au lavoir d’Alet-Les-Bains, endroit où les habitants viennent encore se servir de cette eau connue pour ses qualités de … lavement, à ce qu’il se dit …, on prendra le risque d’y remplir nos gourdes. C’est là qu’on fera la connaissance de Michel, un lillois venu s’installer il y à 40 ans dans ce petit village du Sud. Passionné d’Histoire, il nous racontera l’histoire de ce village médiéval abritant une magnifique Abbaye partiellement rénovée et encerclée autrefois d’une muraille protégeant ce lieu saint. Aujourd’hui, les vestiges de cette muraille possèdent encore les marques des erses qui fermaient ces grandes portes, accessibles à l’époque uniquement par des ponts. Après tous ces récits, ne pouvant aller plus loin compte tenu de l’heure, nous poserons la tente dans le petit camping de ce village et laisserons nos pensées de valeureux chevaliers se dissiper dans les bières locales que nous aurons toutes goûtées.
Au réveil d’une nuit froide, préparant notre avancée sur Andorre et le hasard faisant bien les choses, on a la chance de croiser Guy, un guide de Chamonix à l’accent du coin. Derrière son grand sourire chaleureux se cache un natif des Pyrénées qui, bien que n’y habitant plus, connaît la région comme sa poche. C’est sur ses conseils de cycliste aguerri que nous abandonnerons la grande route pleine de camions allant sur Andorre pour s’embarquer sur les jolies routes de montagnes françaises en direction des hauts plateaux des Pyrénées.


















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