Moving Basecamp

« L’aventure est un engagement de l’être tout entier et sait aller chercher dans les profondeurs ce qui est resté de meilleur et d’humain en nous. Quand le paquet de cartes n’a pas été truqué pour gagner à tous les coups, existent encore le jeu, la surprise, l’imagination, l’enthousiasme de la réussite et le doute de l’échec. L’aventure. »

Cette citation de Walter Bonatti me donne des frissons à chaque fois. Surtout le fait de réaliser qu’a côté de l’imagination et de l’enthousiasme, le doute fait pleinement partie de l’aventure, même pour la légende de l’alpinisme qu’était Bonatti. Si l’on y réfléchit, il y a un littéralement un monde entre le projet que l’on imagine confortablement installés dans notre salon, et la vraie aventure qui nous attend. Mis à part les quelques affaires que l’on prend, on embarque une flopée de points d’interrogation dans nos sacoches: Est-ce qu’on va y arriver? Est-ce qu’on aura le physique, le moral, le mental? Est-ce que ce projet est vraiment celui qu’on imagine? En aura-t-on tjs envie dans quelques mois, voire quelques semaines? 

Le jour du départ, on se réveille avec la sensation d’un examen qui nous attend. On s’habille en silence, on se regarde. « -Ça y est, on y est. On va vraiment le faire, tu arrives à y croire toi? ». On sait que c’est aujourd’hui qu’on prendra la route. Pourtant on serait bien resté encore quelques temps dans ce cocon familial qui nous a si bien accueillis ces derniers temps… Mais voilà, il faut partir, et on sentait que c’était ce jour-là. Comme une intuition, comme quand on sait que c’est le bon moment pour traverser la route, ou sauter du plongeoir.

Et c’est à midi, les vélos bien chargés, qu’on donne les premiers coups de pédales qui lancent l’aventure! Christine, la maman de Pierrick nous faisait signe de la main, comme pour un premier jour d’école. Finalement, ce n’est pas si différent de toutes les autres aventures de la vie.

Arrivés à Martigny, on a même le luxe d’accompagner nos petits neveux à l’école comme pour étirer encore ces moments tout simples en famille (et accessoirement de se faire questionner par les maîtresses qui nous ont vu débouler en cyclistes sortis droit du Tour de France). Bon, ce n’est pas tout mais faut qu’on avance, on a une année de vélo à démarrer!

On met le cap sur le Col de la Forclaz en Valais, « pas du tout dans la bonne direction » comme on nous l’a souvent fait remarquer. Et c’est super bien accompagnés qu’on lance cette première étape très symbolique: Guillaume le frère de Pierrick, Virginie une très bonne amie à nous et Norbert, le papa de Pierrick avec qui on partage souvent des sorties à vélo, ont rendu cette première montée bcp plus fun! Pour ces premiers 1000m de dénivelé, nos sacoches ont eu la courtoisie de nous devancer au Col, histoire de nous laisser un peu de répit. Elle ne nous ont pas manqué, on les retrouvera bien assez vite comme ça!

Et c’est 2 heures plus tard qu’on arrivera le sourire aux lèvres au fameux Col de la Forclaz! La planchette valaisanne était de mise, avant que toute la famille ne débarque pour nous enlacer une toute dernière fois. Énormément d’émotion pour cette fin de journée, puis première soirée sous les étoiles, qui sera aussi notre toute dernière nuit helvétique.